<— Retour La web place officielle pour Mare Kandre
 

Première page de «la femme et le docteur Dreuf»

 

"Les rayons diffus d'une lumière du soir légèrement nacrée pénétraient par les fenêtres grillagées dans le cabinet de consultation du docteur Dreuf / (situé dans la très chic rue de la Scoptophilie, au centre de la ville de Trils). / La journée avait été longue et fatigante, / avec son ordinaire de consulations, d'analyses et d'hystériques paroxysmes sentimentaux (eh oui, des sentiments, encore et toujours des sentiments et de la subjectivité), / et ce bon docteur / le célèbre analyste féminin, / le connaisseur réputé de la femme et de toutes les hallucinations, illusions et envies latentes perverties acharnées à dominer son corps fragile et son petit esprit délicat, / l'homme qui avait consacré sa vie à essayer de libérer la femme de son incommensurable infériorité psychique, / vieil avorton à la noix affublé d'énormes lunettes à monture noir et vêtu d'un costume sombre fripé, / était en ce moment assis, profondément absorbé, à son énorme bureau, / les yeux fermés, / se massant doucement les tempes. / Car le docteur Dreuf, / le grand, / ressentait un soupçon de migraine."

 

 

 

«LA FEMME ET LE DOCTEUR DREUF» de Mare Kandre, traduit du suédois par Marc de Gouvenain et Lena Grumbach,

Actes Sud.162 pages, environ 14,5 €.